L'affaire NOVARTIS, par Manolis Kosadinos

Publié le par ADAG

Brève (2)

 

Juste deux mots sur ce très grand sujet épineux,... 

 

C'est un secret de polichinelle que, pendant l'époque de la croissance en Grèce (1990-2008) TOUS les laboratoires pharmaceutiques ont fait leurs choux gras sur le dos des patients et des contribuables grecs, épaulés dans leurs projets par les bureaucraties sanitaires et l'establishment hospitalo-universitaire, qui ont reçu pour cela des contreparties très conséquentes.

Le bal du profit des labos ne s'est nullement arrêté avec la crise, sauf que les frais de sont davantage reportés sur le dos des patients (restants à charge augmentés) au point où, pour une grande partie d'entre eux, l'accès aux médicaments soit prohibé.

 

Cette situation se poursuit aujourd'hui.

L'affaire de corruption mise à jour récemment a éclaté à la suite d’une enquête du FBI aux États Unis, où la firme Novartis a appliqué les mêmes "bonnes pratiques" que dans le monde entier, notamment en Grèce.

En Grèce, par ricochet, le gouvernement Tsipras a récupéré une occasion rêvée pour plomber la popularité croissante de l'opposition de droite qui menace sérieusement le renouvellement de son mandat électoral en 2019.

Toutefois la corruption ne concerne pas seulement Novartis, elle ne concerne pas seulement la Grèce et, en Grèce, pas seulement l'opposition mais le gouvernement aussi.

Les suites civiles et pénales de cette affaire (dont les éléments ne sont pas encore dévoilés) ne seront cependant pas déterminantes pour l'avenir de la Santé en Grèce, ni ailleurs. Les affaires de ce genre traînent souvent longtemps, les lois en vigueur sont en général favorables aux intérêts privés, la justice n'est jamais aussi indépendante qu'il est prétendu.  Nous avons bien conscience que, même en cas de condamnation, les amendes imposées aux entreprises corruptrices sont déjà anticipées dans leurs bilans.

Pire que ça, si encore aujourd'hui il est possible de poursuivre en justice les labos pharmaceutiques, demain ce seront eux qui pourraient nous poursuivre, en application des traités de libre échange que le gouvernement Tsipras (comme celui de Macron et des autres pays de l'UE) ont ratifié.

Ainsi, bien qu'il soit pertinent de propager l'information sur la corruption des politiques grecs par Novartis, en faire une thématique de revendication politique ne peut que semer la confusion et nous éloigner de l'axe initial d'action du Collectif.

 

Par ailleurs, la manière dont cette information sera diffusée devra éviter deux écueils majeurs :

- d'une part,  l'opinion selon laquelle la corruption serait un phénomène localisé à une entreprise, un gouvernement ou un pays. À mon avis, c'est le corollaire indissociable du capitalisme néolibéral.

- d'autre part, apporter de l'eau au moulin des politiques d'austérité (tout récemment justifiées par la bouche des Philippe et Buzyn), qui se posent en pourfendeurs de "l'inflation des soins" (mais pas de l'inflation des profits des intérêts privés) et  s'efforcent de se dédouaner des crises sanitaires qu'elles induisent en Grèce et dans d'autres pays et qu'elles annoncent déjà en France.

 

Solidairement.

Emmanuel (Manolis) Kosadinos

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